Imaginez un monde où l’on se méfie des découvertes scientifiques et où la recherche est remise en question. C’est pour éviter de telles situations que l’éthique scientifique joue un rôle clé dans le maintien de la confiance dans la recherche scientifique et ses résultats. De nombreuses raisons justifient le respect des normes de base du comportement scientifique. La crédibilité de la communauté scientifique, la perception et l’acceptation des nouvelles connaissances par le public et la crédibilité des chercheurs dépendent de la fiabilité des résultats publiés. Il est particulièrement important de distinguer clairement les comportements acceptables et inacceptables lorsque la recherche implique des participants humains ou animaux. Étant donné la nature compétitive de la science moderne, il devient de plus en plus difficile pour les scientifiques de publier des résultats uniques et révolutionnaires. Néanmoins, certains membres de la communauté scientifique continuent à s’engager dans des pratiques de déformation des données et de manipulation des résultats.
La réalité de l’éthique scientifique
Le cas de Paolo Macchiarini, un chirurgien qui s’est fait connaître par des techniques prétendument révolutionnaires dans le domaine de la transplantation d’organes, est un exemple de la manière dont l’inconduite en matière de recherche peut causer des préjudices. Son approche a été saluée comme une percée car il a été suggéré que l’utilisation d’échafaudages synthétiques peuplés de cellules souches pourrait fournir un remplacement sûr et efficace des organes endommagés. Un scientifique italien a utilisé des échafaudages synthétiques peuplés de cellules souches de patients pour créer des greffes de trachée. Cependant, il s’est avéré que ses expériences sur l’homme n’étaient pas étayées par des études précliniques appropriées. En conséquence, au moins sept des neuf patients ayant reçu ces traitements sont décédés.
Certaines études ont montré que Macchiarini avait manipulé des données dans ses publications et ses rapports, notamment en gonflant les taux de réussite et en ignorant les complications des patients, en déformant ou même en falsifiant les résultats pour donner l’impression que sa méthode était couronnée de succès. En outre, ses décisions chirurgicales ont été fortement critiquées. Le scandale a conduit au licenciement de Macchiarini et à la démission de plusieurs responsables de l’Institut Karolinska de Stockholm, en Suède, qui était son employeur. En outre, des travaux cosignés avec le chirurgien italien ont suscité des inquiétudes, notamment deux articles publiés dans Nature Communications et The Lancet.
Ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire en matière d’éthique scientifique
Ce qu’il faut faire :
- Conserver une documentation claire de toutes les activités de recherche et présenter les données de la manière la plus objective et la plus précise possible.
- Dévoiler les intérêts financiers ou personnels susceptibles d’influencer les résultats des travaux.
- Traiter les animaux avec respect et suivre les principes éthiques lors des recherches sur les animaux.
- Respecter la propriété intellectuelle, la vie privée et la confidentialité. Reconnaître les contributions des autres chercheurs.
Ce qu’il ne faut pas faire :
- Fabriquer, manipuler ou déformer des données.
- Tromper les bailleurs de fonds, les collègues ou les comités d’éthique par un parti pris dans l’interprétation des données, l’examen par les pairs ou les décisions du personnel.
- Utiliser des données de recherche externes sans autorisation.
- Soutenir des pratiques de publication irresponsables. L’objectif doit être de faire progresser la science et de partager les connaissances.
Exigences éthiques
En général, le respect de l’éthique dans la recherche scientifique est essentiel, mais il est souvent difficile de tracer une ligne claire entre l’inconduite scientifique et l’incompréhension. Bien que la plupart des chercheurs reconnaissent la nécessité de respecter des normes éthiques, ces normes peuvent être interprétées et appliquées différemment d’une institution à l’autre. Les chercheurs ont l’obligation de s’assurer que leur recherche répond à toutes les exigences éthiques. Ces exigences comprennent la conception et la conduite appropriées de la recherche, en particulier si elle implique des êtres humains ou des animaux, et la prévention de l’inconduite scientifique (telle que la falsification de données ou le plagiat). Les règles relatives aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle, les règles en matière d’environnement et de sécurité et les accords de confidentialité doivent également être respectés.
Principes et règles d’éthique scientifique
Les comités d’éthique jouent un rôle important dans la définition et l’application des normes d’éthique scientifique. Par exemple, les comités d’éthique évaluent souvent les projets de recherche avant qu’ils ne commencent, en vérifiant que la conception de la recherche répond à toutes les exigences éthiques et en s’assurant que les risques pour les participants sont minimisés. Parmi les principes d’éthique scientifique figurent ceux introduits par des organisations telles que les National Institutes of Health (NIH), la National Science Foundation (NSF), l’American Chemical Society et le Réseau européen des comités d’éthique de la recherche. D’autres documents d’orientation importants, tels que la déclaration d’Helsinki de l’Association médicale mondiale, ont joué un rôle fondamental dans l’établissement de normes éthiques pour la recherche sur l’homme.
Malgré les récents scandales, tels que les cas de Paolo Macchiarini, Scott Ruwim et Olivier Voinne, la communauté scientifique est de plus en plus consciente de l’importance de l’éthique de la recherche. De nombreuses institutions scientifiques mettent en place de nouvelles politiques et de nouveaux programmes de formation pour promouvoir la responsabilité éthique, y compris des cours sur l’éthique scientifique et une formation obligatoire pour les chercheurs. Il existe de nombreuses ressources couvrant les aspects clés du domaine et de nombreuses institutions académiques introduisent maintenant des programmes de formation pour aider les chercheurs à faire face aux questions et aux dilemmes éthiques.
